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Manu & Flo en RDC
2 février 2009

Leçon de conduite kinoise

            Comme vous vous en doutez probablement, la circulation routière à Kinshasa ne ressemble pas à grand-chose d’ordonné, c’est plutôt la foire intégrale.  Des taxi-bus qui roulent à toute allure pour rentabiliser le parcours, des grosses jeep qui se croient tout permis parce qu’elles sont des jeep, des voitures qui menacent de tomber en miettes à tout instant, qui crèvent ou tombent en panne au milieu de la route, d’innombrables trous de plus en plus profond au fil des pluies, etc.  On dépasse par où on veut, on roule très vite si on veut, on ne respecte pas nécessairement les priorités, et surtout on utilise beaucoup son klaxon.

            Seules deux règles semblent respectées, et leur oubli ou leur non-application sont sévèrement sanctionnés par les policiers.  Il s’agit de l’usage du clignotant avant de tourner, et du port de la ceinture pour le conducteur et le passager sur le siège avant.  Pour le reste, il doit y avoir deux feux rouges dans toute la ville (et ils ne fonctionnent pas toujours), et les règles de priorité ne valent que si on les prend de force.  Ca se joue donc à celui qui s’imposera le premier, qui klaxonnera le plus fort, ou qui fera l’appel de phares le plus convaincant.

            Pas de feux rouges, mais des policiers (appelés « roulages ») perchés au milieu du carrefour, sur une sorte de podium en forme de tabouret géant : ils se tournent dans un sens ou dans l’autre en écartant les bras, de préférence en donnant quelques coups de sifflet, pour indiquer quelle file peut passer et quelle file doit s’arrêter.  Et attention, si vous êtes distrait et ne vous arrêtez pas à temps, gare à vous, les policiers en seront très vexés et n’hésiteront pas à en profiter pour vous demander un petit sucré ou autre bakchich !

            Pour le reste, la courtoisie au volant est presqu’inconnue au bataillon, à un point tel que c’en est parfois complètement ridicule et absurde.  Prenez l’exemple d’une longue file d’embouteillage dans laquelle les voitures avancent de 10m toutes les minutes.  En face, ça roule bien, mais une voiture veut tourner à gauche, et doit pour cela traverser la file embouteillée.  Et bien la plupart des chauffeurs congolais ne la laisseront pas passer, quitte à s’arrêter juste devant elle pour lui bloquer le passage la prochaine fois qu’ils pourront avancer de 5m.  Et en attendant de pouvoir passer, la pauvre voiture bloque le trafic dans le sens inverse, ce qui crée un deuxième embouteillage…

            Et à propos d’embouteillages, tous les coups sont permis pour se faufiler, les chauffeurs kinois ne manquant pas de créativité : deuxième file, troisième file, pourquoi pas quatrième, quitte à se retrouver sur la bande d’en face, passage par le « trottoir », par la pompe à essence, ou encore dépassement à toute vitesse en klaxonnant très fort et en mettant ses 4 feux.  Ici, ça ne veut pas dire « attention je m’arrête », mais « laissez-moi passer je suis pressé ».  Comme si ceux qui attendent sagement dans la file avaient tout leur temps !  Certains profitent d’un convoi de policiers, de militaires ou de ministres, escortés par des motos et jeep noires qui mettent leurs sirènes et leurs 4 feux, ce qui veut dire que tout le monde doit s’arrêter et les laisser passer.  Les profiteurs se glissent à l’arrière du convoi pour dépasser tout le monde comme s’ils en faisaient partie.  Donc, après le ministre, des vieilles voitures et taxi-bus essayent de passer incognito, mais la stratégie est risquée : celui qui se fait repérer par un policier vigilant se fera arrêter et réprimander comme il se doit. Enfin, une tactique très utilisée consiste à remercier à l’avance celui qui vous laissera passer : vous sortez votre bras par la fenêtre et faites un signe du pouce l’air de dire « merci, mon gars, c’est vraiment super sympa de ta part ! ».  Et vous passez !

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Commentaires
M
Depuis Londres ou J'habite je sui souvent ton experience de la vie quotidiene a RDC. Je suis ne' a Kinshasa et J'ai quitter le pays depuis 1993 et jamis rentre'. Felicitations et a bientot.....
Manu & Flo en RDC
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