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Manu & Flo en RDC
22 avril 2010

Voyage au coeur des grands lacs et au pays des mille collines

Pendant les vacances de Pâques, mon amie Anja ayant congé en tant qu’enseignante à l’école belge, et moi voulant profiter des derniers mois ici pour découvrir de nouveaux coins de cet immense et magnifique pays, nous avons décidé de partir pour un voyage à l’est de la RDC et au Rwanda, où vivent deux de ses anciens collègues.  Des paysages magnifiques, des impressions en tous genres, des coups de cœur, et surtout, le clou du voyage : l’improbable embarquement dans l’avion à Goma où il a fallu nous battre jusqu’au pied de l’avion pour avoir notre place (pour ceux qui veulent passer le reste, lisez directement l’article ci-dessous).

On peut dire qu’on a eu pas mal de chance pour tout ce qui est accueil et évitement de certaines procédures et « tracasseries », à commencer par notre arrivée à l’aéroport de Goma.  Dans le taxi pour l’aéroport à Kinshasa, une jeune fille cherchait un gentil passager – que Anja a volontiers incarné – qui accepterait de prendre deux enveloppes de DVD à remettre à son beau-frère libanais vivant à Goma, Ali (c’est chose courante ici, vu le fonctionnement de la poste…).  La bonne enroule !  Ali vit à Goma depuis plus de 15 ans, il connait tout le monde et tout le monde le connait.  Il a dit à ses potes de la DGM (Direction générale des migrations, des emmerdeurs de la pire espèce !) qu’on était de sa famille, ce qui nous a permis de passer en évitant la procédure et l’interrogatoire plutôt pénibles de la DGM, ainsi que la fouille de nos bagages, ce qui fait toujours bien plaisir !  Après, il nous a conduites à la frontière du Rwanda, située à 2 km de là (sachant que l’aéroport de Goma se trouve en plein milieu de la ville, c’est assez impressionnant !  Si un avion s’écrase, il n’y a pas une famille épargnée…), et où nous attendaient nos amis vivant à Kigali.

 

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Goma et Gisenyi sont deux villes voisines situées de part et d’autre de la frontière, au bord du lac Kivu, qui est absolument superbe.  Pour nous qui venions de Kinshasa, c’en était paradisiaque !  Etre en pleine nature, au calme, respirer l’air frais et admirer ce paysage de rêve sans s’en lasser, ça nous a fait un bien fou !  Apaisant et relaxant à souhait.  Nuit et pti déj au bord du lac, on peut dire que le voyage commençait en beauté.

 

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La route vers Kigali est tout aussi magnifique.  Mille collines s’étendant à perte de vue, offrant une gamme infinie de verts, bananiers, thé, rizières, eucalyptus…

 

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RDC et Rwanda, deux pays si proches et pourtant tellement différents.  A Kigali, il y a des routes sans trous et des feux rouges que les chauffeurs respectent.  Les taxi-bus et taxi-moto roulent d’une conduite pour le moins franche et osée, mais le trafic n’en demeure pas moins organisé.  A Kigali, les rues sont propres, les maisons et véhicules entretenus.  Même dans les quartiers de la cité les plus éloignés du centre, les habitants font un effort pour rendre leur lieu de vie propre et joli.  Au Rwanda, la moindre parcelle de terre est cultivée, transformant les marchés en véritables paradis de fruits et légumes : des ananas aux choux de Bruxelles, en passant par les maracujas, prunes du Japon, choux-fleur et petits pois, sans oublier de belles et délicieuses carottes, dont je ne me suis pas privée, comptez sur moi !

 

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A Kigali, les choses bougent et avancent, les changements sont visibles et palpables, qu’ils soient positifs ou plus négatifs.  Car le modèle, paraît-il, est Singapour.  Dans le centre ville, plusieurs bâtiments et maisons sont ou seront bientôt rasés pour y construire des buildings de 5 étages minimum.  Quant à la cité, qui d’après moi fait tout le charme de la ville et en constitue les plus beaux coins, elle est petit à petit remplacée par de nouveaux quartiers structurés en lignes bien droites le long desquelles s’alignent des maisons modernes, toutes identiques.  Dommage, je trouve, car il me semble que c’est tout le charme de l’Afrique qui s’efface.  Bien sûr, certains quartiers actuels de la cité souffrent à chaque pluie de sérieux problèmes d’hygiène sanitaire, d’inondations et d’érosions, mais leur destruction est-elle l’unique solution ?  De même, les femmes ne peuvent plus porter leurs si beaux paniers sur leur tête, ça ne fait pas assez moderne.  Les petits vendeurs dans la rue, si pratiques et efficaces pourtant, exercent à présent dans la crainte de se faire arrêter par la police à tout moment…  Toute modernisation et amélioration des conditions de vie doit-elle nécessairement passer par des mesures si drastiques semblant vouloir nier tout ce qui fait le charme des villes africaines ?

 

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Au Rwanda, les gens se montrent plus réservés, il semble difficile d’entrer en contact et de faire connaissance, surtout lorsque la communication est entravée à cause du langage.  En effet, la plupart des Rwandais ne parle que le kinyarwanda et ne connait ni l’anglais ni le français ; ou alors leur connaissance se limite à quelques mots de chaque langue, ce qui donne un mélange assez comique du genre : « you can take petit déjeuner tomorrow matin ».  Communication difficile mais pas impossible pour autant, le langage universel fonctionnant partout, que ce soit avec les vendeuses des marchés ou les enfants jouant dans la cité.

 

Au Rwanda, il y a comme un nuage noir qui plane au-dessus de tout le monde, un non-dit, un tabou, une sorte de menace latente, de haine refoulée, qui semble sur le point d’éclater au moindre signal.  On y était au moment des cérémonies de commémoration du génocide, dont on n’a malheureusement pas pu assister à la principale faute d’être au courant en temps voulu.  Mais les différents mémoriaux construits partout sur les fosses communes et marqués d’une banderole mauve, la visite du musée du mémorial et la vision d’un film documentaire au sujet des traumatismes post-génocide, n’ont pu que nous marquer et nous interpeller.  Le film en lui-même est dur, mais plus touchantes encore sont les réactions du public.  Certains pleurent en silence, d’autres émettent de gros sanglots, d’autres encore sont en proie à de véritables crises d’angoisse ou de révolte, hurlant et se débattant d’un mal qui semble encore loin d’avoir été suffisamment entendu, digéré, soigné.

 

Après quatre jours de balades dans la cité, dans les marchés, sur le mont Kigali, et une journée avec Carole, un actrice tutsie née en Belgique en tant que réfugiée politique et revenue au pays pour créer un centre culturel impliquant de jeunes rescapés, offrant divers spectacles et espaces de détente et loisirs, ainsi qu’un bibliobus destiné à amener les livres auprès des enfants de la cité pour leur permettre d’apprendre à lire et à développer la mémoire ; nous avons pris la route vers le sud-ouest pour repasser la frontière au sud du lac Kivu, après avoir traversé une forêt des plus denses et fait escale dans quelques petites villes et villages.

 

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Bukavu, mon coup de cœur du voyage.  Des collines mêlant les verts de la végétation aux tons ocres de la terre rouge et des maisons qui s’y tiennent le long de sentiers-labyrinthes dans lesquels il est tellement agréable de se perdre ; collines dont les pieds s’enfoncent dans le lac aux rives sinueuses et d’un bleu éclatant…  Des ruelles colorées par les vêtements de mamans, les taxi-motos, les façades des maisons ou encore les échoppes surmontées de parasoleils…  Apaisante par endroits et grouillante d’animation dans d’autres, mais toujours tellement riche humainement !

 

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La vie nocturne y semble cependant moins festive qu’à Goma, que nous avons rejointe en bateau par une traversée du lac, 6h qui sont passées bien vite grâce au paysage que je n’ai pu me lasser de contempler.

 

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Si je suis moins vite tombée sous le charme de cette ville aux allures plus sombres, tristes et sales car construite sur la lave, la roche et le sable volcaniques d’un noir poussiéreux, une expédition vers les cratères alentours s’en est chargée.  A commencer par la route traversant la cité et les villages périphériques, le long de laquelle il nous semblait n’avoir pas assez d’yeux pour tout observer : des mamans vendant bassines ou sandales colorées sur un tas de roche volcanique si noire, des ptis gars poussant un vélo en bois chargé de sacs ou caisses de marchandises en tous genres, des ruelles grouillantes d’animation et bordées d’adorables cabanes en bois…  Une concentration intense de vie, magique, tout simplement.

 

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Puis le fameux lac vert constitué d’eau de pluie amassée dans un ancien cratère, au-dessus duquel une vue à 360 d° offre d’un côté le lac et son bleu intense, de l’autre le majestueux volcan souvent caché dans les nuages.  A couper le souffle !

 

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Beaucoup de mes amis congolais m’avaient dit que l’est est la plus belle région du pays.  Je n’ai pas encore vu tous les autres coins de l’immense Congo, mais je les crois bien volontiers !

 

 

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Commentaires
B
Je me suis permis de faire une comparaison entre votre analyse de la RDC et celle du RWANDA. Il me semble tout de même curieux qui vous ayez été largement tendre avec ce dernier, sans d'autant émettre des critiques plus objectives. On croirait presque une déclaration d'amour. Force est de signaler que le Rwanda est un minuscule pays où habitent à peine trois ethnies, avec une population qui ne dépasse pas - si je m'abuse - 11 millions d'habitants, dirigé par un dictateur sanguinaire, ami des pouvoirs politiques occidentaux. Ce qui explique le mutisme aberrant de ceux-ci en ce qui concerne les innombrables crimes humanitaires perpétrés (viols des femmes et mineures, meurtres, assassinats politiques, pillages, déportations, molestations, incitation à la rébellion, etc.) par les troupes rwandaises au Kivu. Déjà, la problématique en terme de composition tribale est de nature à faciliter l'ordre socio-économique. La RDC comptent environ 466 ethnies sur un territoire grand comme l'Europe occidentale, et, affaibli par les année de guerre civile. Au Rwanda, pays n'ayant pas une grande superficie, il est normal que le réseau routier soit moins dense et complexe, et donc, pas besoin de mettre autant de moyens financiers qu'au Congo en vue de l'entretenir. Le Rwanda qui est un pays démuni de richesses naturelles rencontre moins de contraintes politiques, moins d'obstacles à la gestion autonome du peu d'avoirs dont il dispose, contrairement à la RDC qui est en proie à l'ingérence politiques et économique exercée par les multinationales (diamant, pétrole, Coltan, cuivre, etc.), le milieu politique européen et américain, et voire, les Etats rwandais et ougandais qui occupent le territoire de l'Est. Toute cette problématique géopolitique n’est pas de nature à faciliter le processus de développement du Grand Zaïre.
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