Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Manu & Flo en RDC
22 avril 2010

Embarquement Hewa Bora à l’aéroport de Goma…

… ou comment il a fallu passer par le trou des bagages pour courir sur le tarmac jusqu’à l’avion et supplier le responsable de la compagnie aérienne de  nous prendre à bord.  Ici, c’est comme ça, il faut se battre pour avoir sa place.  Et on a bien failli se faire débarquer !

 

 

On avait pourtant réservé notre billet deux semaines avant le voyage, l’agence à Kinshasa nous avait assuré que nos vols étaient confirmés, on a voulu les reconfirmer à Goma mais la gentille madame de l’agence n’avait jamais entendu parler de confirmation d’un vol, et nos amis nous avaient dit que ça ne servait à rien.  Quand on s’est présentées à l’aéroport à 11h suivant le conseil de nos hôtes congolais, et sachant que notre avion décollait à 14h, on nous a dit que tout était déjà clôturé, qu’il n’y avait  plus moyen d’enregistrer.  C’est alors que mille personnes viennent vers vous avec des informations différentes, dans le but de vous faire paniquer et céder à la pression, soit en offrant de payer un supplément, soit en renonçant tout simplement et en rentrant bredouille en espérant avoir une place sur le prochain vol.  J’avoue qu’à un certain moment je n’étais pas loin d’opter pour cette solution, si ce n’avait été grâce à Anja, à qui on avait déjà fait le coup lors d’un voyage à Kisangani, et qui m’a dit : « surtout ne panique pas, c’est toujours comme ça, ils ne peuvent pas nous débarquer, et s’ils le font je leur fais une crise, j’ai le numéro du boss de la compagnie à Kinshasa et je l’appellerai s’il le faut.  Non mais ! Ce sont eux qui font de l’overbooking, c’est leur problème, à eux de trouver une solution ! »

 

En demandant à parler au responsable, on est passées derrière le guichet avec tous nos bagages, et chacune son rôle : je surveille nos sacs et Anja négocie.  Déjà, vous trouvez ça normal, vous, que des passagers se promènent derrière le guichet aux côtés du staff de la compagnie aérienne, et se mettent à négocier avec le chef pour être embarquées ?  Celui-ci a assez vite accepté de prendre nos billets et de nous mettre sur la liste d’attente, avant de nous dire de patienter jusqu’à ce qu’il nous appelle.  Nous contentant donc de lui rappeler notre existence de temps en temps, nous avons attendu plus d’une heure, toujours derrière le guichet, en observant le « check-in ».

 

S’impose ici une petite parenthèse pour vous expliquer l’existence des guillemets autour du mot check-in.  Imaginez une énorme file, non, pas une file mais un attroupement de passagers transportant plus de bagages que de raison, tentant de se faufiler vers le guichet d’enregistrement.  De l’autre côté de ce guichet, le responsable de la compagnie déplie un à un des papiers sur lesquels il a recopié les données des billets des chanceux passagers qui embarqueront aujourd’hui, selon un ordre non pas d’arrivée mais de préférence… disons… familiale, professionnelle ou relationnelle.  Les passagers appelés se faufilent tant bien que mal vers le guichet pour y « peser » leurs bagages.  Ici encore, des guillemets, car même si le sac à peine posé sur la balance et encore soutenu d’une main par son propriétaire, dépasse déjà le poids maximum autorisé, en général ça passe.  Pire encore, les assistants du chef cèdent de temps à autres à la pression de collègues ou de membres de leur famille, se glissent parmi la foule pour y ramasser un sac et le faire passer sans le peser, ni vu ni connu.

 

Et il faut voir de quels sacs il s’agit !  Pour la plupart, des sacs en toile de jute ou des paniers, dont on a cousu les bords supérieurs en guise de fermeture, et remplis à craquer de pommes de terre, bananes plantains, oignons, fromages ou autres marchandises.  Quant aux sacs et valises « normaux », ils sont entourés de kilomètres de gros scotch brun, pour éviter toute tentation de vol du contenu, et accessoirement pour servir d’étiquette provisoire ou supplétive, car sur le scotch on écrit son nom et la destination.  Dans notre cas, ce scotch fut la seule et unique étiquette attribuée à nos bagages…

 

Etant donné qu’on était en bonne position sur la liste d’attente, on avait bon espoir.  Jusqu’à ce que la tension monte au sein de l’attroupement des passagers non encore enregistrés, avant que le chef ne range toutes les étiquettes du check-in dans sa mallette et ne quitte les lieux pas par une porte, non, mais par le petit trou destiné à acheminer les bagages vers le tarmac, non sans oublier de nous dire de « patienter seulement ici ».  Mais là on a compris que si on lui obéissait, on resterait plantées là et qu’il ne viendrait jamais nous chercher.  Puisque d’autres passagers se précipitaient par ce même petit trou dans l’espoir d’ajouter leur bagage au tas des heureux élus et de passer inaperçus sur le tarmac jusqu’à l’embarquement, on s’est dit : « pourquoi pas nous ? »  Anja s’est alors lancée à la poursuite du chef, parvenant après de longues négociations à lui faire prendre nos billets.

 

Il fallait maintenant trouver une astuce pour amener nos bagages au pied de l’avion.  Soit dit en passant, puisque Goma regorge de fromages, haricots secs, oignons, carottes et maracujas délicieux et pas chers du tout, mon sac en était plus ou moins rempli (et ceux qui me connaissent savent qu’en matière de fruits et légumes j’ai une légère tendance à exagérer…;-).  Le plus dur était de le soulever jusqu’à mes épaules, mais une fois sur le dos ça allait.  Par contre, quand il a fallu passer par le petit trou à bagages haut d’un mètre grand maximum, les choses se sont corsées.  Heureusement, plusieurs petits gars m’ont aidée, et une fois chargées nous nous sommes lancées dans une course folle sur le tarmac.

 

A nouveau, mille personnes nous donnaient des instructions différentes : « attendez ici ! », « allez chez lui », « non, pas chez lui », « si, allez négocier sinon vous n’allez jamais embarquer » !  C’est là qu’on a utilisé leur désordre contre eux, en disant à l’un que l’autre nous avait dit qu’il fallait lui demander de coller une étiquette sur nos sacs, sans besoin de les peser, non, plus le temps de retourner à la balance, etc., etc.  A leur tour de perdre un peu les pédales !

 

Le commandant a finalement accepté de nous prendre en dernière minute, mais sans les bagages.  Haha, elle est bien bonne, celle-là !  Et qu’est-ce qu’on fait de nos bagages, alors ?  « Oui, mais c’est pour votre sécurité ».  Non mais !  Vous avez vu tout le surpoids que vous avez accepté au check-in ?  Ce ne sont pas nos sacs qui y changeront quelque chose ! (Et c’est là que j’essayais de prendre l’air de quelqu’un qui porte un sac léger comme une plume, alors que je croulais plus ou moins sous la charge et menaçais de tomber à la renverse après cette course folle) « Bon, d’accord, je prends vos sacs mais pas vos paniers, ils sont trop volumineux, il n’y a pas assez de place dans la cabine ».  Oh, mais Monsieur, ce n’est que de l’artisanat, ça ne pèse rien ! (Et ça c’était vrai, on n’en avait pour 2-3 kilos à tout casser)  « Allez, d’accord, mais alors vous les prenez en bagage à main ».  Parfait, c’est justement ce que je voulais !

 

Des porteurs sont venus chercher nos sacs avec pour instruction de les mettre dans la soute pour Kinshasa, où on devrait venir les chercher nous-mêmes à l’atterrissage.  Soit dit en passant, ils sont super ces petits porteurs.  Efficaces et adorables, ils courent dans tous les sens et portent des poids d’âne, l’un d’eux a d’ailleurs soulevé mon sac en un clin d’œil pour le percher sur sa tête, comme s’il ne pesait rien du tout !  On a vérifié que nos sacs allaient bien dans la soute (on ne sait jamais, et si c’était une bonne blague ?), et on est montées dans l’avion en premier, comme des princesses.

 

Dans l’histoire, nos sacs ont été vaguement fouillés mais ni pesés ni enregistrés, pas plus que nos bagages à main ni même nos passeports n’aient été contrôlés.  On n’en revenait pas !  Finalement, il restait quelques places dans l’avion, mais je n’ose pas imaginer ce qui s’est passé à l’aéroport de Kisangani, où on faisait escale et où on était sensés embarquer d’autres passagers…


Publicité
Publicité
Commentaires
Manu & Flo en RDC
  • Notre expérience dans la coopération au développement et la solidarité internationale en République Démocratique du Congo. Ce blog est privé. Il est strictement réservé à un usage personnel. Merci de ne pas en divulguer le contenu.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité