Etre piéton à Kinshasa... à vos risques et périls!

Si la courtoisie entre chauffeurs est rare, elle ne l’est pas moins à l’égard des piétons.  C’est même assez dangereux pour les étrangers habitués à ce que les voitures les laissent passer et ralentissent en les voyant.  Ici, c’est tout le contraire.  Si vous marchez le long d’une route, et qu’une voiture, à l’arrêt, veut s’engager, elle n’attendra pas que vous passiez pour se lancer, non non.  Elle démarrera en trombes juste au moment où vous passerez à sa hauteur, quitte à vous bloquer le chemin parce que la voie n’est pas libre.  A vous d’être vif et d’avoir le réflexe de sauter en arrière ou en avant pour ne pas vous faire écraser !

            Pareil, si vous marchez gentiment sur le bord de la chaussée et qu’une voiture passe à votre hauteur, même si personne n’arrive en face et même s’il n’y a aucun trou à éviter à cet endroit, elle préférera vous foncer droit dessus, klaxonner très fort et vous frôler, le chauffeur semblant tout particulièrement apprécier votre sursaut et votre plongeon dans le ravin.  Pire, certains chauffeurs donnent même un coup de volant pour prendre leur virage bien plus serré qu’il ne le faut, histoire d’être sûrs de bien viser le piéton et de le faire bouger.  Quant à l’évitement de la grosse flaque pour ne pas éclabousser le passant, il semble parfaitement inconnu au bataillon ici.  Méfiance, donc ! 

            Pour le reste, pas de passage pour piétons, bien entendu.  Juste parfois un gentil roulage (policier, pour ceux qui ne sont pas à jour) qui arrêtera le trafic pour vous laisser passer.  Sinon, on traverse un peu n’importe où, là où on peut, en courant de préférence, saisissant la moindre opportunité de passer entre deux voitures, et s’arrêtant au milieu de la chaussée si nécessaire. 

            Mais même s’il faut encore ajouter à ce tableau le fait que vous marchez dans un subtile mélange de sable-boue-terre-déchets rendant le récurage des pieds à la brosse à ongles indispensable dès votre arrivée à la maison, que vous respirez beaucoup de poussière et de fumée noire des pots d’échappement, que vous vous faites siffler et appeler assez régulièrement ; se déplacer à pied à Kinshasa reste sympathique et garde un certain charme. 

            Et si de piéton vous décidez de vous convertir en passager de taxi-bus, il est fortement conseillé de ne pas faire ce choix à l’heure de pointe, comme vous le comprendrez en lisant l’article suivant…