Nos petites sauteries...
A défaut de pouvoir nous régaler sur le compte de l'UCL lors de cérémonies honoris causa et autres à l'Aula Magna, on a aussi nos petites soirées de ce genre ici. Soit on se fait inviter via le boulot de Manu, par exemple à l'ambassade de Suède à l'occasion de la visite d'un expert en gouvernance, ou à la coopération britannique lorsque le nouveau responsable justice se présente; soit à la résidence de la Déléguée Wallonie-Bruxelles
Ces réceptions, tenues dans de somptueux jardins d'élégantes et grandes demeures, sont généralement généreusement arrosées (malheureusement pour moi, souvent uniquement de bières…), et proposent des plateaux de zakouskis bien fournis. Autant vous dire qu'on ne se prive pas! Notre préférence va à la Déléguée Wallonie-Bruxelles
Dans ce genre de soirées, Manu est connu en tant que coordonnateur de RCN, et moi – qui au début me sentais un peu comme une potiche qui ne fait que sourire et qui ne comprend pas grand-chose à la conversation – en tant que "coureuse du fleuve" ou marcheuse aux quatre coins de la ville. A Manu, on demande comment il va depuis la dernière réunion, ce qu'il pense de tel projet, ou encore on réfléchit à la prochaine collaboration que l'on pourrait mener avec lui. A moi on me dit: "Je te croise souvent le matin, quand je suis dans les embouteillages; toi tu marches et dépasses les voitures"; ou encore: "Dis, tu cours combien de temps, comme ça?".
Donc, non seulement mes petites escapades pédestres me permettent d'entrer plus facilement en contact avec les Congolais, qui me reconnaissent à force de me voir passer, et qui sont intrigués par cette mundele qui, "hahaha, n'a même pas assez d'argent pour se payer une Jeep comme tout le monde!" (et je vous jure que c'est ça qu'ils se disent pendant que je passe, quand ils ne se contentent pas de faire des commentaires sur le fait que je porte une jupe en pagne, que je transpire, que mes sandales sont usées ou encore que je marche trop vite, croyant, bien sûr, que parce qu'ils s'expriment en lingala je ne comprends pas ce qu'ils disent…); donc ça me permet de rentrer en contact avec les Congolais, mais aussi de me faire repérer par les gens de la haute, et de partager avec eux des conversations autres que celles qui commencent par la question: "Et vous, vous travaillez dans quoi, ici?". Généralement, quand on pose cette question, on s'attend à recevoir comme réponse une banque, unee ambassade, telle entreprise, ou encore telle ONG internationale. La personne qui répond qu'elle travaille comme volontaire au CATSR, association congolaise pour le travail social de rue et les droits de l'enfant, est tout de suite moins intéressante… Quoique, dernièrement j'ai fait connaissance avec un Grec, qui m'a proposé d'allouer une partie du budget de sa boite consacré aux œuvres sociales, au CATSR. Comme quoi, je ne suis pas la seule à profiter de mes heures de course!
Enfin, tout ça pour vous parler de cet autre aspect de la vie d'expatriation qui, même s'il n'est pas celui que l'on préfère, ne nous empêche pas d'en profiter et de nous remplir la panse sur le compte de toutes ces personnes bien trop friquées par rapport à la majorité des Congolais...