Quinzaine pour les droits de l'enfant

Voilà, après une pause plus longue que d’habitude, je reprends ma plume (euh… mon clavier) pour vous raconter les dernières nouvelles… Si j’ai tant trainé avant d’écrire sur notre blog, c’est parce que j’étais fort occupée ces dernières semaines.

Avec le CATSR, on a organisé une Quinzaine pour les droits de l’enfant, choisissant deux dates d’anniversaire importantes à nos yeux : le 20 novembre (annif de la Convention internationale sur les droits de l’enfant), et le 10 décembre (Déclaration universelle des droits de l’homme, qui a fêté ses 60 ans cette année). Au programme, activités de sensibilisation dans différentes écoles des quartiers défavorisés de la ville, pour discuter avec les enfants de leurs droits, leur demander ce qu’ils en savent et leur apprendre ce qu’ils en ignorent. Très intéressant de voir comment les cours se donnent, ici. L’enseignant fait beaucoup plus participer les élèves que chez nous, ils sont sollicités à tout instant et répondent en cœur au moindre appel du prof, ou applaudissent quand l’un d’eux a répondu correctement à la question. Et pendant les petits temps morts (genre quand le prof efface le tableau), il demande aux élèves de compter, par exemple. Et alors là, c’est carrément la fête : les enfants crient les nombres un à un, avec un enthousiasme et une motivation épatants ! En fait, toutes les formations se passent comme ça, ici, même pour les adultes. L’intervenant sollicite l’attention de son public à chaque instant, impossible de s’endormir ou de décrocher !

Bon, revenons-en à notre quinzaine. On a aussi fait une journée de solidarité dans une école située à 190 km de Kinshasa, sur les plateaux de Bateke. Les enfants étudient dans des conditions assez précaires, comme le montrent les photos. 

   

 

Ils étaient tout contents de notre visite, les chefs des villages alentours étaient présents et le directeur avait préparé une véritable cérémonie. L’occasion pour les enfants de nous chanter quelques chansons avant de recevoir les cahiers, crayons et bonbons qu’on leur avait apportés; pour les chefs coutumiers d’exprimer leurs plaintes quant aux conditions d’instruction de leurs enfants ; et pour nous de leur rappeler qu’un partenariat signifie que chacun s’implique, que les échanges soient réciproques, et qu’ils ne peuvent se contenter d’attendre les bras croisés qu’on leur apporte une belle école sur un plateau, ou qu’elle leur tombe du ciel… Tout en diplomatie, bien sûr.

     

 

Cette journée m’a permis de découvrir l’humour des mes collègues, qui n’ont pas arrêté de faire des blagues assez chaudes durant tout le trajet en jeep (serrés, euh non, pressés à 4 à l’arrière). Déjà que je pige pas toujours tout en français quand les blagues virent dans ce registre, alors en lingala… J’ai dû demander pas mal d’explications, j’avoue ! Mais maintenant me voilà initiée à la règle des trois « S », à la tactique de la culotte rouge (je vous laisse imaginer ce que ça peut bien vouloir dire, on verra qui était le plus proche de ce que ça raconte vraiment !) et à d’autres jeux de mots très fins. Bapt, Chappy et Seb, vous avez de la concurrence !

Pendant tout ce temps, on continuait notre plaidoyer pour que la loi sur les droits de l’enfant soit adoptée. Au début, les choses ne s’annonçaient pas très bien, les politiciens ne semblaient pas vouloir se bouger pour cette cause ; mais finalement notre plaidoyer a réussi ! Entre autres grâce à un député qui est dévoué pour les droits humains, et qui a remué tout ce pti monde pour que l’intérêt des enfants soit reconnu. Ca fait plaisir de rencontrer des personnes comme ça, aussi compétentes et droites. L’Honorable (oui parce que ici les sénateurs et députés se font appeler comme ça) était d’ailleurs présent à la conférence de presse qu’on a organisée le 18, pour clôturer notre plaidoyer, et j’ai trouvé ses interventions très pertinentes.

Cette conférence de presse a aussi clôturé la mission de la délégation belge qui est venue ici pour une semaine : le service d’aide à la jeunesse de la Communauté française de Belgique, et l’ONG Dynamo International. Donc après notre quinzaine, on a eu une semaine super chargée, à courir de rendez-vous en rendez-vous, avec les Ministres ou leurs ministères, les acteurs universitaires, le Conseil national de l’enfant, le directeur du pavillon des enfants au sein de la prison centrale de la ville (pas de centres de réinsertion comme chez nous, ici c’est dans la même prison que les adultes qu’on détient les enfants, et les conditions ne sont pas des plus faciles, comme vous pouvez l’imaginer…), d’autres ONG locales, etc. Le but étant de tâter le terrain pour la mise en place d’une plate-forme d’échange qui réunirait les acteurs de différents niveaux : politique et administratif, universitaire, et société civile. Et les premiers échos sont assez positifs, il ne reste plus qu’à concrétiser les paroles et promesses en actions.

Petite anecdote à propos du Ministre de la Jeunesse et des Sports : sachez que son cabinet se situe dans le stade ! Oui oui, par la fenêtre on voit le terrain de foot ! Et les bureaux de ses conseillers sont au rez-de-chaussée, donc le plafond est en pente comme si on était dans un grenier, puisqu’ils se trouvent juste sous les gradins. Plutôt comique, non ?