Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Manu & Flo en RDC
29 novembre 2008

Voyage au Bas Congo

Ca y est, je trouve enfin le temps de vous raconter mon voyage au Bas Congo.  Pour ceux qui ne le savaient pas, je suis partie à la découverte de cette province avec Emma du 5 au 15 novembre, avant qu’elle ne rentre en Belgique, la recherche qu’elle faisait ici pour son mémoire étant terminée.  Je ne sais pas trop par où commencer, j’ai pas envie de faire trop long, mais y’a tellement de choses à raconter !  Et ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas très douée pour faire court…  Alors pour ceux qui préfèrent la version courte, sachez que ce voyage était tout simplement magnifique, tant du point de vue des superbes paysages qu’on a pu admirer, que de celui de la gentillesse de personnes qu’on a rencontrées, et enfin de l’entente excellente entre Emma et moi, qui nous sommes révélées très proches et complémentaires…  Pour ceux qui ont l’envie ou le courage de lire plus de détails, en voici…

2008_1115BasCongo0136

            Première destination, Matadi, la capitale de la province du Bas Congo.  7h de bus depuis Kinshasa, suivant une route unique (impossible de se tromper, y’a aucun carrefour !) bordée de paysages magnifiques, et avec la musique de Kofi, star de la rumba congolaise, en boucle durant tout le trajet – mais on n’osait pas demander de changer de peur qu’ils nous mettent une cassette ou une radio de messe, c’est-à-dire une musique de fond avec qqun qui crie des prières par-dessus, genre ce qui se passe dans les églises du réveil et que je vous ai déjà raconté.  A propos de prières, on a même eu droit à un pasteur dans notre car pour le retour, qui a fait chanter et prier les passagers avant de leur demander un pti billet…  A notre arrivée, Papa Georges, un ami de Camilia la mère d’accueil d’Emma, nous attendait pour nous accueillir, et pour nous présenter à Papa André, mari de l’ex-consule belge à Matadi.  Ils nous ont tous les deux réservé un accueil des plus chaleureux...  Vraiment, on a été reçues comme des reines !  Et on a passé de très chouettes soirées à écouter toutes leurs histoires autour d’un bon repas congolais…

2008_1115BasCongo0073

            Matadi est une ville pleine de charme, construite sur des collines le long du fleuve Congo, dans la roche de couleur ocre, ses petites ruelles lui donnant une allure de ville italienne ou espagnole, si ce n’est que souvent un endroit tout mignon est gâché par les immondices qui l’inondent…  Découverte de la ville à pied, pour errer dans les ruelles et marchés, monter colline après colline, parfois escortées par des enfants d’abord timides, puis curieux de nous connaître et finalement très fans d’être pris en photos !

2008_1115BasCongo0022 2008_1115BasCongo0033

            Le lendemain, on est parties à pied pour Vivi, la première capitale du Congo, réduite aujourd’hui à quelques habitations perdues dans la brousse et difficiles d’accès.  Ca nous a fait énormément de bien de marcher toute la journée en pleine nature, en passant par de mignons petits villages et en admirant ces magnifiques paysages, le tout accompagnées de notre « guide », qui n’en était pas un puisqu’il ne connaissait en fait pas du tout le chemin… ;-)

Vivi   2008_1115BasCongo0062    vue_vivi    2008_1115BasCongo0066

            Après, départ pour Boma, où une fois de plus, nous avons été accueillies on ne peut plus chaleureusement par Jackie et Michel dans une ancienne maison coloniale en bois, toute mignonne.  Ils sont nés au Congo, y ont presque toujours vécu, et sont aujourd’hui obligés de penser à vendre leur maison, le cœur plein de nostalgie.  Ils étaient aux petits soins pour nous, et nous ont gâtées comme si on était leurs petites filles, entre autres par de délicieuses cossas cossas (grosses crevettes, spécialité de la région) fraîchement pêchées chaque jour par leur pêcheur Jérémy.  Un régal ! 

La partie de la ville du côté du port est assez sale et tristounette, mais la cité ressemble à Matadi : marchés, ruelles et collines, où il fait bon se promener.  Notre rencontre bomacienne : Freddy, gérant du bar où on s’est arrêtées à notre arrivée en attendant que la drache passe, et avec qui on a passé de chouettes moments par la suite, musicaux entre autres.  Il chante et improvise sur mes K’s Choice ou Radiohead, inventant sur le tas des paroles d’amour et de paix typiques des chansons congolaises.  Pour la petite histoire, il me dit d’abord que j’ai une très belle voix, ce qui me fait plaisir, mais après il ajoute : « comme Céline Dion ! », ce qui me flatte tout de suite beaucoup moins…

2008_1115BasCongo0111   2008_1115BasCongo0123  2008_1115BasCongo0190

La seule journée un peu ratée du voyage – 2h de voiture jusque Tshela parce que la route vaut soi-disant la peine d’être parcourue pour la forêt dans laquelle elle s’enfonce (mais c’était vraiment pas terrible), pour se faire emmerder par la DGM (direction générale de migration), je vous passe les détails, puis pour refaire la route dans l’autre sens – s’est heureusement terminée par un superbe coucher du soleil, guidées par Eustache, propriétaire d’une parcelle offrant une vue magnifique sur le fleuve.  Bien plus joli que les alentours du port !

2008_1115BasCongo0160  2008_1115BasCongo0167  2008_1115BasCongo0178

Vient ensuite la grande aventure du voyage, notre expédition à Muanda, une toute petite ville située à l’embouchure du fleuve, en bordure de l’océan atlantique.  L’aller en vedette par le fleuve puis à pied le long de l’océan…

2008_1115BasCongo0208  2008_1115BasCongo0215  2008_1115BasCongo0218  2008_1115BasCongo0225

… le retour en Jeep par la « route », entendez piste de terre devenue très boueuse suite aux pluies, et bientôt impraticable…  Imaginez 28 personnes entassées avec leurs bagages à l’arrière d’un pick-up rafistolé avec les moyens du bord, qui s’embarquent pour un périple de 9h, assises sur des planches en bois et secouées par les bosses, flaques et autres surprises accidentées et que la piste leur réservait.  Assez impressionnant par moments !  On a malheureusement pas pu sortir l’appareil photo aux passages les plus critiques, mais voici de quoi vous donner une petite idée de la piste qu’on a parcourue et de notre embarcation.

2008_1115BasCongo0237  2008_1115BasCongo0240  2008_1115BasCongo0245  2008_1115BasCongo0243

2008_1115BasCongo0241  2008_1115BasCongo0242

Franchement, j’ai plusieurs fois cru qu’on allait chavirer, et que j’allais valser dans la flaque qui me narguait à moins d’un mètre tellement on penchait, puisque j’étais assise sur le bord – ce qui m’a d’ailleurs valu d’être très généreusement aspergée de boue…  Chaque planche en bois est prévue pour 4 personnes, mais il faut ajouter à cela les enfants sur les genoux, les sacs accrochés un peu partout, le chauffeur, et les gars se tenant debout à l’arrière de l’embarcation, prêts à sauter pour courir ajouter de l’eau quelque part dans le moteur, ou mettre une calle pour qu’on ne s’embourbe pas.  En plus, dans les 4 personnes, certaines prennent plus de place que d’autres...  Sur notre banc, pas de chance, deux énormes mamas africaines occupant à elles seules les ¾ de la largeur du pick-up, nous laissant peu d’espace à Emma et moi, et ne faisant aucun effort pour se retenir quand le véhicule penchait par chez nous…  Autant vous dire que je suis ressortie de là avec des bleus non seulement aux fesses, mais aussi aux hanches et aux côtes, qui étaient broyées contre la barre en fer sous le poids des mamas confortablement installées à ma droite…  Je crois que durant l’espace d’une seconde j’ai presque regretté de ne pas être aussi rembourrée qu’elles !  Et soyez sûrs qu’au moment où il a fallu descendre pour faire une partie du trajet à pied, la piste étant trop mauvaise pour tenter de monter cette colline avec une jeep aussi chargée, la seule personne restée à bord était la mama la plus volumineuse !

Mais le voyage fut malgré tout extraordinaire…  D’abord, les paysages splendides et le superbe coucher de soleil en fin de parcours.  Ensuite, l’ambiance à bord de notre engin, entre les conversations des mamas, les adorables sourires des enfants super sages (pas une seule fois ils ne se sont plaints pour demander « c’est quand qu’on arrive ? ») et les chants des hommes à l’arrière, entonnés par le comique de la bande et repris en chœur par tous les passagers.  Et enfin, cette journée est le meilleur souvenir qu’on garde de notre voyage, tellement c’était intense à tous niveaux…

2008_1115BasCongo0255  2008_1115BasCongo0259  2008_1115BasCongo0266

Après ça, quel bonheur que de rentrer chez Jackie et Michel prendre une bonne douche, même si on était un peu gênées de l’état de crasse dans lequel on était, et horrifiées de la couleur de l’eau coulant de nos cheveux, teintée par un savant mélange de poussière, boue, transpiration et fumée du pot d’échappement qu’on a respiré durant toute la journée…

2008_1115BasCongo0270  2008_1115BasCongo0279

Le voyage touchait déjà à sa fin.  Retour à Matadi pour passer une dernière soirée avec Georges et Papa André, avant de prendre la route pour Kinshasa, en s’arrêtant toutefois à Kisantu, véritable havre de paix situé à 2h de la grande ville, connu pour son jardin botanique où il est très agréable de se promener. On a même été accueillies par les chants d’une chorale de mamas répétant sur le pas de la cathédrale…  Parfait pour profiter du calme et de la nature avant d’affronter la capitale !

2008_1115BasCongo0287   2008_1115BasCongo0308  2008_1115BasCongo0303

2008_1115BasCongo0290  2008_1115BasCongo0291

Publicité
Publicité
Commentaires
B
Chers Dames, C'est tout à votre honneur d'avoir découvert la RD.Congo, un des plus grands pays d'Afrique, et, une des plus grandes réserves de ressources naturelles au monde. Vous en conviendrez. Comme vous le savez, chaque pays a ses réalités socioculturelles. J'ai été humanitaire dans mon propre pays, à savoir, la RDC, pendant plusieurs années. Et il sied de vous rappeler que la coopération au développement et la solidarité internationale nécessite avant tout d'avoir une lecture bien détaillée et comprise des habitudes sociales et ancestrales qui régissent un environnement donné. L'approche doit être non pas uniquement personnelle (comme vous le faites), mais bien au contraire, globale. Je trouve les propos que vous aviez tenus dans certains passages de votre analyse, un peu sentencieux. C'est bien de prendre un ton goguenard en expliquant le mode de langage congolais, mais ce serait encore mieux si vous pourriez le contextualiser. L'Africain est de nature très démonstratif, ce qui justifierait les gestuels qui semblent vous irriter. Si nous ne disons pas au revoir, et par ailleurs, si ce mot est dans bien des cas quasi inexistant dans le vocabulaire africain, c'est tout simplement parce que dans la philosophie Bantoue les gens appartenant à un même milieu et vivant dans un même espace de vie sont appelés à se revoir. On a pas besoin de rendez-vous pour ça comme c'est le cas en Europe où l'individualisme est devenue schizophrénique. En d'autre mot, c'est un appel au retour, un signe de considération, une formule de politesse. N'étiez-vous pas contentes que les gens s'intéressent à vous ? Qu'ils cherchent à savoir si vos journées étaient bonnes ? En Europe, on ne connait même pas le nom de son voisin, on ne salue pas, on l'ignore, on le laisse mourir. On laisse tout à la charge de l'Etat. L'esprit du voisinage parait curieusement surréaliste. Ce qui est très contradictoire quand l'on sait les moyens colossaux investis dans divers outils de communication. Non ! Au contraire, les gens préfèrent s'isoler davantage au lieu de se rapprocher. Le contact humain se raréfie. On préfère se montrer nu devant la Webcam et se faire des gâteries en solitaire en fantasmant sur le correspondant se trouvant l'autre bout du terminal. Ce n'est pas hilarant, ça ? Et pourtant, les Africains acceptent bien ces déviations, loin de leurs us et coutumes. D'ailleurs, ont-ils le choix ? Dans les pays africains, un jeune ne peut pas employer des mots grossiers quand il dialogue avec un adulte. Mais en Occident, le mot PUTAIN, ENCULE, MOTHER FUCK, BAISE TA MERE, sont récurrents. Est-ce qu'on s'en plaint ? Est-il tellement difficile pour vous d'accepter les particularités d'un pays étranger, tout en faisant un effort considérable pour s'acclimater à leurs réalités ? La transposition des mots étrangers existent dans toutes les langues et peuvent manifestement avoir des connotations fort différentes, des fois éloignées de leur étymologie. Le Québécois est différent du français parisien, l'anglais nigérian et jamaïcain sont atypiques par rapport au so british, autant pour l'espagnol parlé en Amérique Latine ou le portugais brésilien forts imprégnés des dialectes locaux et parfois mal compris des pays qui les ont colonisés. Pour ce qui est du développement urbain, effectivement, les Africains accusent du retard, faute de dirigeants conscients voués à la cause de leurs populations. En revanche, ils sont à la solde de l'Europe et de l'Amérique qui ne se sont jamais arrêtés de piller les ressources géologiques. Comment ne pas s'attendre à un chaos. La lecture que vous avez de la société congolaise et que vous peignez avec un zest d'arôme à l'humour sarcastique, ou dirais-je scatologique, est extrêmement subjective et biaisée. Apprenez à contextualiser les comportements, codes, langages et habitudes. Evitez de porter un masque européen lorsque vous faites de tels diagnostics ; ça vous évitera de voir la réalité des choses derrière un prisme.
B
Chers Dames, C'est tout à votre honneur d'avoir découvert la RD.Congo, un des plus grands pays d'Afrique, et, une des plus grandes réserves de ressources naturelles au monde. Vous en conviendrez. Comme vous le savez, chaque pays a ses réalités socioculturelles. J'ai été humanitaire dans mon propre pays, à savoir, la RDC, pendant plusieurs années. Et il sied de vous rappeler que la coopération au développement et la solidarité internationale nécessite avant tout d'avoir une lecture bien détaillée et comprise des habitudes sociales et ancestrales qui régissent un environnement donné. L'approche doit être non pas uniquement personnelle (comme vous le faites), mais bien au contraire, globale. Je trouve les propos que vous aviez tenus dans certains passages de votre analyse, un peu sentencieux. C'est bien de prendre un ton goguenard en expliquant le mode de langage congolais, mais ce serait encore mieux si vous pourriez le contextualiser. L'Africain est de nature très démonstratif, ce qui justifierait les gestuels qui semblent vous irriter. Si nous ne disons pas aurevoir, et par ailleurs, si ce mot est dans bien des cas quasi inexistant dans le vocabulaire africain, c'est tout simplement parce que dans la philosophie Bantou les gens appartenant et vivant dans un même espace de vie sont appelés à se revoir. On a pas besoin de rendez-vous pour ça comme c'est le cas en Europe où l'individualisme est devenue schizophrénique. En d'autre mot, c'est un appel au retour, un signe de considération, une formule de politesse. N'étiez-vous pas contentes que les gens s'intéressent à vous ? Qu'ils cherchent à savoir si vos journées étaient bonnes ? En Europe, on ne connait même pas le nom de son voisin, on ne salue pas, on l'ignore, on le laisse mourrir. On laisse tout à la charge de l'Etat. L'esprit du voisinage parait curieusement surréaliste. Ce qui est très contradictoire quand l'on sait les moyens colossaux investis dans divers outils de communication. Non ! Au contraire, les gens préfèrent s'isoler davantage au lieu de se rapprocher. Le contact humain se rarefie. On préfère se montrer nu devant la webcam et se faire des gâteries en solitaire en fantasmant sur le correspondant se trouvant l'autre bout du terminal. Ce n'est pas hilarant, ça. Et pourtant, les Africains acceptent bien ces déviations, loin de leurs us et coutumes. D'ailleurs, ont-ils le choix ? Dans les pays africains, un jeune ne peut pas employer certains mots quand ils parlent avec un adulte. Mais en Occident, le mot PUTAIN est récurrent. Est-ce qu'on s'en plaint ? Est-il tellement difficile pour vous d'accepter les particularités d'un pays étranger, tout en faisant un effort considérable pour s'acclimater à leurs réalités ? La transposition des mots étrangers existent dans toutes les langues et peuvent manifestement avoir des connotations fort différentes. Le Québecois est différent du français parisien, l'anglais nigérian et jamaïcain est atypique par rapport au so british, autant pour l'espagnol parlé en Amérique Latine ou le portugais brésilien forts imprégnés des dialectes locaux et parfois mal compris des pays qui les ont colonisés. Pour ce qui est du développement urbain, effectivement, les Africains accusent du retard, faute de dirigeants conscients voués à la cause de leurs populations. En revanche, ils sont à la solde de l'Europe et de l'Amérique qui ne se sont jamais arrêté de piller les ressources géologiques. Comment ne pas s'attendre à un chaos. La lecture que vous avez de la société congolaise et que vous peignez avec un zest d'arôme à l'humour sarcastique, ou dirais-je scatologique, est extrêmement subjective et biaisée. Apprenez à contextualiser les comportements, codes, langages et habitudes.
Manu & Flo en RDC
  • Notre expérience dans la coopération au développement et la solidarité internationale en République Démocratique du Congo. Ce blog est privé. Il est strictement réservé à un usage personnel. Merci de ne pas en divulguer le contenu.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité