Voyage au Bas Congo
Ca y est, je trouve enfin le temps de vous raconter mon voyage au Bas Congo. Pour ceux qui ne le savaient pas, je suis partie à la découverte de cette province avec Emma du 5 au 15 novembre, avant qu’elle ne rentre en Belgique, la recherche qu’elle faisait ici pour son mémoire étant terminée. Je ne sais pas trop par où commencer, j’ai pas envie de faire trop long, mais y’a tellement de choses à raconter ! Et ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas très douée pour faire court… Alors pour ceux qui préfèrent la version courte, sachez que ce voyage était tout simplement magnifique, tant du point de vue des superbes paysages qu’on a pu admirer, que de celui de la gentillesse de personnes qu’on a rencontrées, et enfin de l’entente excellente entre Emma et moi, qui nous sommes révélées très proches et complémentaires… Pour ceux qui ont l’envie ou le courage de lire plus de détails, en voici…
Première destination, Matadi, la capitale de la province du Bas Congo. 7h de bus depuis Kinshasa, suivant une route unique (impossible de se tromper, y’a aucun carrefour !) bordée de paysages magnifiques, et avec la musique de Kofi, star de la rumba congolaise, en boucle durant tout le trajet – mais on n’osait pas demander de changer de peur qu’ils nous mettent une cassette ou une radio de messe, c’est-à-dire une musique de fond avec qqun qui crie des prières par-dessus, genre ce qui se passe dans les églises du réveil et que je vous ai déjà raconté. A propos de prières, on a même eu droit à un pasteur dans notre car pour le retour, qui a fait chanter et prier les passagers avant de leur demander un pti billet… A notre arrivée, Papa Georges, un ami de Camilia la mère d’accueil d’Emma, nous attendait pour nous accueillir, et pour nous présenter à Papa André, mari de l’ex-consule belge à Matadi. Ils nous ont tous les deux réservé un accueil des plus chaleureux... Vraiment, on a été reçues comme des reines ! Et on a passé de très chouettes soirées à écouter toutes leurs histoires autour d’un bon repas congolais…
Matadi est une ville pleine de charme, construite sur des collines le long du fleuve Congo, dans la roche de couleur ocre, ses petites ruelles lui donnant une allure de ville italienne ou espagnole, si ce n’est que souvent un endroit tout mignon est gâché par les immondices qui l’inondent… Découverte de la ville à pied, pour errer dans les ruelles et marchés, monter colline après colline, parfois escortées par des enfants d’abord timides, puis curieux de nous connaître et finalement très fans d’être pris en photos !
Le lendemain, on est parties à pied pour Vivi, la première capitale du Congo, réduite aujourd’hui à quelques habitations perdues dans la brousse et difficiles d’accès. Ca nous a fait énormément de bien de marcher toute la journée en pleine nature, en passant par de mignons petits villages et en admirant ces magnifiques paysages, le tout accompagnées de notre « guide », qui n’en était pas un puisqu’il ne connaissait en fait pas du tout le chemin… ;-)
Après, départ pour Boma, où une fois de plus, nous avons été accueillies on ne peut plus chaleureusement par Jackie et Michel dans une ancienne maison coloniale en bois, toute mignonne. Ils sont nés au Congo, y ont presque toujours vécu, et sont aujourd’hui obligés de penser à vendre leur maison, le cœur plein de nostalgie. Ils étaient aux petits soins pour nous, et nous ont gâtées comme si on était leurs petites filles, entre autres par de délicieuses cossas cossas (grosses crevettes, spécialité de la région) fraîchement pêchées chaque jour par leur pêcheur Jérémy. Un régal !
La partie de la ville du côté du port est assez sale et tristounette, mais la cité ressemble à Matadi : marchés, ruelles et collines, où il fait bon se promener. Notre rencontre bomacienne : Freddy, gérant du bar où on s’est arrêtées à notre arrivée en attendant que la drache passe, et avec qui on a passé de chouettes moments par la suite, musicaux entre autres. Il chante et improvise sur mes K’s Choice ou Radiohead, inventant sur le tas des paroles d’amour et de paix typiques des chansons congolaises. Pour la petite histoire, il me dit d’abord que j’ai une très belle voix, ce qui me fait plaisir, mais après il ajoute : « comme Céline Dion ! », ce qui me flatte tout de suite beaucoup moins…
La seule journée un peu ratée du voyage – 2h de voiture jusque Tshela parce que la route vaut soi-disant la peine d’être parcourue pour la forêt dans laquelle elle s’enfonce (mais c’était vraiment pas terrible), pour se faire emmerder par la DGM (direction générale de migration), je vous passe les détails, puis pour refaire la route dans l’autre sens – s’est heureusement terminée par un superbe coucher du soleil, guidées par Eustache, propriétaire d’une parcelle offrant une vue magnifique sur le fleuve. Bien plus joli que les alentours du port !
Vient ensuite la grande aventure du voyage, notre expédition à Muanda, une toute petite ville située à l’embouchure du fleuve, en bordure de l’océan atlantique. L’aller en vedette par le fleuve puis à pied le long de l’océan…
… le retour en Jeep par la « route », entendez piste de terre devenue très boueuse suite aux pluies, et bientôt impraticable… Imaginez 28 personnes entassées avec leurs bagages à l’arrière d’un pick-up rafistolé avec les moyens du bord, qui s’embarquent pour un périple de 9h, assises sur des planches en bois et secouées par les bosses, flaques et autres surprises accidentées et que la piste leur réservait. Assez impressionnant par moments ! On a malheureusement pas pu sortir l’appareil photo aux passages les plus critiques, mais voici de quoi vous donner une petite idée de la piste qu’on a parcourue et de notre embarcation.
Franchement, j’ai plusieurs fois cru qu’on allait chavirer, et que j’allais valser dans la flaque qui me narguait à moins d’un mètre tellement on penchait, puisque j’étais assise sur le bord – ce qui m’a d’ailleurs valu d’être très généreusement aspergée de boue… Chaque planche en bois est prévue pour 4 personnes, mais il faut ajouter à cela les enfants sur les genoux, les sacs accrochés un peu partout, le chauffeur, et les gars se tenant debout à l’arrière de l’embarcation, prêts à sauter pour courir ajouter de l’eau quelque part dans le moteur, ou mettre une calle pour qu’on ne s’embourbe pas. En plus, dans les 4 personnes, certaines prennent plus de place que d’autres... Sur notre banc, pas de chance, deux énormes mamas africaines occupant à elles seules les ¾ de la largeur du pick-up, nous laissant peu d’espace à Emma et moi, et ne faisant aucun effort pour se retenir quand le véhicule penchait par chez nous… Autant vous dire que je suis ressortie de là avec des bleus non seulement aux fesses, mais aussi aux hanches et aux côtes, qui étaient broyées contre la barre en fer sous le poids des mamas confortablement installées à ma droite… Je crois que durant l’espace d’une seconde j’ai presque regretté de ne pas être aussi rembourrée qu’elles ! Et soyez sûrs qu’au moment où il a fallu descendre pour faire une partie du trajet à pied, la piste étant trop mauvaise pour tenter de monter cette colline avec une jeep aussi chargée, la seule personne restée à bord était la mama la plus volumineuse !
Mais le voyage fut malgré tout extraordinaire… D’abord, les paysages splendides et le superbe coucher de soleil en fin de parcours. Ensuite, l’ambiance à bord de notre engin, entre les conversations des mamas, les adorables sourires des enfants super sages (pas une seule fois ils ne se sont plaints pour demander « c’est quand qu’on arrive ? ») et les chants des hommes à l’arrière, entonnés par le comique de la bande et repris en chœur par tous les passagers. Et enfin, cette journée est le meilleur souvenir qu’on garde de notre voyage, tellement c’était intense à tous niveaux…
Après ça, quel bonheur que de rentrer chez Jackie et Michel prendre une bonne douche, même si on était un peu gênées de l’état de crasse dans lequel on était, et horrifiées de la couleur de l’eau coulant de nos cheveux, teintée par un savant mélange de poussière, boue, transpiration et fumée du pot d’échappement qu’on a respiré durant toute la journée…
Le voyage touchait déjà à sa fin. Retour à Matadi pour passer une dernière soirée avec Georges et Papa André, avant de prendre la route pour Kinshasa, en s’arrêtant toutefois à Kisantu, véritable havre de paix situé à 2h de la grande ville, connu pour son jardin botanique où il est très agréable de se promener. On a même été accueillies par les chants d’une chorale de mamas répétant sur le pas de la cathédrale… Parfait pour profiter du calme et de la nature avant d’affronter la capitale !